[PV: Luaine] La box, ou se ramener dans un asile

Je continue de courir et je suis Plume d'Argent. Elle me distance assez rapidement. J'ai beau la suivre, je n'ai pas l'impression de me rapprocher de l'étrange bâtiment. Et puis soudain, il disparaît de mon chant de vision. Je reste un moment perdue, et je me rappelle que Plume d'Argent est devant. Je repars à sa suite.
Et puis, après un virage, j'arrive au pied de ce truc verdâtre. Il monte tellement haut que son sommet disparait dans le brouillard. De ce que je vois il est rectangulaire et d'un vert dégueulasse de haut en bas. On dirait que les fenêtres sont en verre mais c'est peut-être un effet d'optique.
J'hésite à entrer. après tout je peux encore chercher la sortie par le jardin. Je cherche de l'aide auprès de ma couette, mais elle est partie. Tant pis.

j'ouvre la porte. elle donne sur une sorte de hall. Il a un haut plafond et le sol est en carrelage. Un escalier en marbre verdâtre aussi( ça doit être la couleur dominante) pars du bout de la pièce et se sépare en deux parties, comme si il y avait deux ailes. C'est peut-être le cas.
Je vais m’asseoir sur un canapé, comme pour attendre le déluge. Il doit n'y avoir personne ici.

Je commence lentement à somnoler. Je sens mes paupières se fermer lentement et j'entends un bruit sourd.J'ouvre les yeux en sursaut et saute du canapé.
Quelqu'un est dans le hall. Comment a-elle fait pour arriver sans que je l'entende? si brusquement? Je la regarde se lever, on dirait qu'elle sort elle aussi du sommeil.
Elle est à la fois rousse et châtains, c'est difficile à dire. Ce qui est sûr c'est qu'elle prend soin de ses cheveux : ils sont longs, TRÈS longs et soyeux. Elle porte des... minces je sais plus comment ça s'appelle mais c'est un truc de hippie. Ca doit en être une.
Je la voie se redresser mais elle est de dos, et elle ne sait pas que je suis là. Je ne sais si je dois rester ou partir. Cette endroit m’horrifie. Au fond de moi j'ai l'impression d'avoir un lien unique avec cette endroit, ce lieu dont je ne peux m'échapper. Ma conscience me dit qu'elle aussi. Rien qu'en pensant à ma famille, j'arrive à me sentir triste. Pourtant je n'ai jamais aimé mes parents. Je me revoie encore hier, avec mes potes au cinéma... avec Delphine quand on s'était marrées toutes seules au milieu du cinéma. Quand on était retourné se servir du Sprite, du Coca et du Fanta au Mcdo et on avait grugé tout le monde. Quand on avait squatté chez Thomas et on avait fait un Call of.
Tous ses souvenirs remontent en moi, et moi, qui est toujours été forte et qui m'étais promis de ne jamais pleurer en public, je ne peux empêcher mes larmes de couler. Lentement je recule jusqu'au mur et je descends vers le sol et je pleure à chaude larmes. Sans m'arrêter. peu importe qui me voit désormais je pleure.

J'entends les pas se rapprocher de moi et une fille me tapote la tête. Je lève lentement la tête et j’aperçois la fille de tout a l'heure. Ses cheveux tombe sur mon visage et je ne peux m’empêcher de les écarter pour mieux voir son visage. Elle est jolie. Son visage rond va bien avec ses cheveux.
Luaine. C'est un beau prénom mais je sais qu'il n'a pas une origine française. c'est plutot sympa comme prénom.
je me relève et essuie mes joues mouillées.

-Ouais t'as raison . C'est juste que...Oh excuse moi! Je m'appelle Morgane. Enchantée

Je lui tend la main.

La jeune fille, dégageant d'une main les cheveux de Luaine qui tombaient non loin de son visage, passa une main sur ses joues -probablement afin d'essuyer ses larmes- et, les yeux légèrement rougis, sourit et, tendant la main, hoche la tête, lançant qu'elle s'appelle Morgane.

La jeune hippie écouta sa réponse, la tête légèrement penchée sur le côté et, renvoyant d'un mouvement de tête machinal ses dreadlocks en arrière, serra la main de Morgane, puis ajouta, avec un sourire qui se voulait réconfortant :

-Tu sais, même si être enfermé ici est difficile… Y'a pleins de choses motivantes ! Le printemps qui arrive, la chaleur du soleil sur la peau, l'herbe verte, les poèmes déclamés sur la pelouse et…

Luaine secoua la tête. Une lueur de mélancolisme avait effleuré ses yeux, et elle s'empressa de la chasser. Il fallait remonter le moral de la jeune fille qui avait tout de même l'air prête à se remettre a pleurer…


(c'est très très très court, pardon… )

Luaine essaie de me rassurer, mais ça ne marche pas. Depuis combien de temps est-t-elle enfermée ici? Comment-a-t-elle pu oublier son passé? Ou elle s'en souvient, mais elle arrive à oublier qu'elle ne pourra plus le revoir. Mes pensées sont toutes tournées vers mon passé. mes amis, ma famille ma ville. J'en reviens même à regretter les cours et mes profs. Même la prof de géo qui sait pas faire ses cours et qui dit toujours n'importe quoi, elle raconte sa vie de A à Z. Et tout le monde s'en fiche et parle. Et pourtant, tout me manque. Pourquoi suis-je arrivé ici?

-Ne t'inquiète pas pour moi, j'ai juste la tête qui risque d'exploser sous le choc de toutes mes questions. Et d’ailleurs, en voilà une. C'est où "ici"?

Ça doit être la question qui me taraude le plus. Je n'arrive pas à comprendre quel est cet endroit. C'est comme parallèle mais en plus réel. C'est tellement étrange et effrayant. Si il y a un moyen de retourner chez moi, je le ferai sans hésiter, même si s'a signifie mourir immédiatement. Je préfère mourir dans ma maison que dans cet endroit sinistre.



Parce que c'est pas court peu être?  

Elle pose une question intelligente, je trouve. La question, celle que tout le monde se pose au fond. C'est ou, ici. Ici. Là-bas. Qu'est-ce qu'on en sait, au fond. Je me la pose parfois, cette question, mais toujours dans toute son ampleur géographique. Ou ? Autrement, non géographiquement, je peux y répondre, c'est pas compliqué :

-… Le principe de la Box -on appelle ça comme ça- c'est qu'on se fait aspirer par des livres, et qu'ensuite on est coincé. Pouik. Tu vois ?

Mais géographiquement, hein ? Ca donne quoi ? On est peut-être sur un autre plan ? En fait, le principe de la projection astrale existerait ? Nous, avant d'être aspriré, considérons qu'on est sur le plan… A, tiens. Et maitenant, on serait sur un autre ? B, C, D… ? Encore plus loin peut-être… ? Et du coup, si on est sur un autre plan, on à une position géographique par rapport au plan A. On pourrait être juste dans un papierfiltre parallèle… J'ai du mal à me comprendre moi-même, mais il faudrait que mon interlocutrice saisisse mes explications :

-Pose toutes les questions que tu veux, je m'efforcerai de trouver quelque chose à répondre.